Médico-social : Une nouvelle feuille de route du numérique en santé 2023-2027
- Geovanny osorio
- 2 juin 2023
- 6 min de lecture
“Ces dernières années, le premier plan d’investissement numérique dans le médico-social, « ESMS Numérique », a été un programme historique d’accompagnement de la transformation du secteur.” Jean-Christophe COMBE, Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.

Le programme « ESMS Numérique », premier plan d'investissement numérique dans le médico-social, a permis aux établissements et services accueillant des personnes âgées ou en situation de handicap de généraliser l’utilisation de Dossier Usagers Informatisés (DUI) et de s'équiper en matériels et logiciels. Le 17 mai 2023, François Braun, Ministre de la Santé et de la Prévention et Jean-Christophe Combe, Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, ont présenté une nouvelle feuille de route du numérique en santé “Mettre le numérique au service de la santé”. Cette feuille de route fixe quatre nouveaux axes de développement, de 2023 à 2027.
Numérique en santé 2023-2027 : améliorer les soins de santé grâce à la technologie
La feuille de route du numérique en santé 2023-2027 s'inscrit dans la continuité des initiatives visant à moderniser le système de santé par le biais de la technologie. Son objectif principal est d'améliorer la qualité des soins de santé, de faciliter l'accès aux services médicaux pour tous, de renforcer la protection des données sensibles, d'améliorer l'interopérabilité des systèmes d'information de santé, et de promouvoir la formation aux compétences numériques dans les secteurs sanitaires et médico-sociaux.
La feuille de route numérique 2019-2022, déployée sur une période de trois ans, a produit des résultats positifs. Elle s'articulait autour de cinq axes majeurs. Le premier axe visait à renforcer la gouvernance du numérique en santé afin d'encadrer l'usage des nouvelles technologies dans ce domaine. Le deuxième axe mettait l'accent sur l'éthique, la sécurité des données de santé, et l'interopérabilité des systèmes, pour garantir une communication fluide et sécurisée entre les différentes plateformes et logiciels de santé.
Le déploiement des services numériques socles était un autre point clé. Des outils comme le dossier médical partagé (DMP) et la carte Vitale dématérialisée figuraient parmi les services numériques essentiels. En parallèle, la feuille de route favorisait le développement de plateformes numériques en santé à l'échelle nationale, permettant aux professionnels de santé et aux patients d'accéder à des services en ligne sécurisés et centralisés. Enfin, le soutien à l'innovation numérique en santé était primordial, avec des efforts pour évaluer et encourager l'adoption de technologies innovantes par les acteurs du secteur médico-social.

Lors du bilan de la précédente feuille de route du numérique en santé, environ 100 000 établissements géographiques étaient référencés dans FINESS (Fichier national des établissements sanitaires et sociaux), dont 40% étaient des structures médico-sociales. Le répertoire fera l’objet d’une refonte d’ici fin 2023.
Mais ce n’est pas tout : carte Vitale, identité nationale de santé, répertoire partagé des professionnels de santé, dossier médical partagé... Les changements ont été nombreux et positifs !
Vous pouvez retrouver le bilan de la feuille de route ici.
Quatre axes pour définir les priorités de développement

Développer la prévention et rendre chacun acteur de sa santé
Le numérique en santé doit permettre à chacun de mieux agir sur sa santé. Mon espace santé simplifiera le suivi de sa santé et développera le recours à la prévention en santé. C’est un véritable carnet de santé numérique. Les français pourront contrôler leurs données, recevoir des rappels de vaccins, envoyer des ordonnances sécurisées aux pharmaciens et accéder à leur projet d'accompagnement personnalisé. Il améliorera le suivi de leur santé et leur offrira une prévention adaptée. L'accent sera mis sur l'accompagnement des entreprises du numérique en santé pour garantir un accès plus rapide aux solutions de santé.
Prise en charge : dégager du temps pour tous les professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique
Pour que le numérique améliore la santé et l'accompagnement des français, il doit d’abord simplifier la vie des professionnels de santé et du médico-social. Ces derniers jonglent entre différents outils plusieurs fois par jour : il faut faciliter le passage d’un logiciel à un autre. De plus, il est essentiel de garantir aux professionnels l'accès à l'historique de santé de leurs patients, quel que soit leur lieu de travail. Enfin, pour réussir cette transition, une formation initiale et continue adaptée sera mise en place pour les professionnels de santé.
Améliorer l’accès à la santé pour les personnes et les professionnels qui les orientent
L'objectif principal de cet axe est de répondre de manière concrète aux problèmes d'accès aux soins dans toute la France. Pour cela, il est essentiel d'améliorer l'accès à l'information sur la santé et les services médicaux spécialisés dans toute la France, ainsi que d'aider les français à trouver un médecin traitant. Les zones moins desservies et les parcours de santé prioritaires bénéficieront de la télésanté (ou e-santé) pour faciliter l'accès aux soins. Les services d'accès aux soins et les outils pour les SAMU seront généralisés pour orienter la population vers les soins d'urgence. Enfin, l'application mobile de la carte Vitale sera déployée pour permettre une prise en charge financière directe et renforcer l'utilisation de l'Identité Nationale de Santé.
Déployer un cadre propice pour le développement des usages et de l’innovation numérique en santé
Il est important de renforcer la cybersécurité pour protéger les données de santé. Cela concerne notamment les établissements sanitaires et médico-sociaux, en priorisant les entités essentielles et en sécurisant des ressources numériques pérennes à au moins 2 % du budget des acteurs. Grâce au modèle de l'État Plateforme, les acteurs privés peuvent proposer des services numériques innovants régulés par l'État. Les compétences numériques jouent un rôle essentiel dans le domaine de la santé et doivent être encouragées.
La donnée de santé est d'une importance capitale, de sa collecte à sa réutilisation pour la recherche et les politiques publiques. C’est pour cela que l’Etat souhaite bâtir une stratégie ambitieuse pour promouvoir la réutilisation et l'ouverture des données.
Quels changements pour le médico-social avec la nouvelle feuille de route ?
La nouvelle feuille de route du numérique en santé 2023-2027 apporte plusieurs changements importants pour le secteur médico-social. Cette dynamique repose sur la continuité des actions entreprises lors de la feuille de route précédente, avec un engagement fort des acteurs du médico-social. Il s’agit non seulement de poursuivre ces initiatives, mais aussi d'introduire de nouvelles mesures pour améliorer la sécurité des données de santé, la collaboration entre professionnels et la transparence des processus numériques.
L'une des principales innovations est la mise en place de l'authentification à double facteur pour tous les professionnels de santé. Cette mesure vise à renforcer la sécurité des données des patients en utilisant des outils d'identification électronique modernes, conformes au Répertoire Partagé des Professionnels de Santé (RPPS). Ce système s'appliquera aux établissements et services de santé, sociaux et médico-sociaux, garantissant une meilleure protection des informations sensibles.
Pour améliorer la communication entre les professionnels de santé, une messagerie instantanée sécurisée et compatible avec différents outils sera expérimentée. Cette nouvelle fonctionnalité permettra aux professionnels du secteur médico-social d'échanger rapidement et de manière sécurisée, que ce soit via téléphone ou ordinateur, et contribuera à une meilleure collaboration interdisciplinaire. Un travail d'amélioration des messageries sécurisées existantes sera également entrepris afin de simplifier leur utilisation.
En parallèle, la création d’un observatoire de la santé numérique favorisera la transparence et le respect des référentiels dans le secteur médico-social. Cet observatoire évaluera le niveau de préparation des établissements de santé, sociaux, médico-sociaux, ainsi que celui des professionnels indépendants. Il sera accompagné d'une plateforme unique pour publier des informations sur le secteur et une plateforme de données ouvertes. La France soutiendra également la création d'une plateforme permettant de comparer les données de santé numérique entre différents pays européens.
Enfin, la nouvelle feuille de route vise à intégrer une formation numérique en santé dans toutes les formations initiales des secteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux. L'objectif est de former 500 000 élèves d’ici 2027, afin de renforcer les compétences numériques des futurs professionnels. Jean-Christophe Combe, Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, espère des progrès dans des domaines tels que l'échange de données entre les acteurs du médico-social, le suivi de la santé des enfants, et l'amélioration des solutions logicielles pour les établissements médico-sociaux (ESMS).
Poursuite du soutien au numérique dans les établissements et services médico-sociaux
La politique de soutien à l’investissement au numérique sera poursuivie post-programme ESMS Numérique. Le cadrage débutera dès 2024 avec 3 enjeux forts :
Le rattrapage de l’équipement matériel pour les établissements les plus mal outillés,
l’amélioration continue des logiciels, notamment sur les fonctions de coordination de parcours complexes
et l’accompagnement aux usages sur les services socles.
Documents à consulter :